Chacun sa nuit,
Publié le 24 Janvier 2013
La nuit,
Alors que tous les chats sont gris,
çà dort
Dans les maisons.
Au dehors,
La lune a son air pâlichon.
Il y a le ronfleur,
Qui fait peur
A sa compagne
Qui sursaute et qui empoigne
Son oreiller
Pour ne pas crier.
Il y a l’apnéiste
Qui se croit dans le Grand Bleu
Et qui comme Jacques Mayol
Explore les grands fonds, sans que s’affole
Son pouls, bouche ouverte sur un baveux
Filet de bave qui tâche la taie.
Il y a le peureux
Qui ne montre qu’à peine le bout de son nez
Tremblant et claquant
Des dents sous la couette jetée
Jusqu’à ses oreilles. Sentant
La transpiration
Tellement sa peur
Est devenue comme une première passion.
Sait-on jamais que des monstres se cachent près du lit,
Dans le noir !
Alors, oui,
Chacun sa nuit,
Comme on dit.
Il n’empêche que les chats
Sont toujours aussi gris
Et que eux, la nuit, ils ne dorment pas
Et qu’à pas feutrés,
Ils doivent bien rire sous notre nez
En nous entendant ainsi dormir.